La longue Marche ( tomes 1 à 3)

Publié par Axel Corso sur 17 Septembre 2016, 08:47am

Catégories : #Bernard Ollivier, #voyages en Asie

« La longue marche » de Bernard Ollivier

Éditions Libretto – tomes 1 à 3 ( n° 192 à 194) – 2001/2003

Tome 1 - 351 pages, 10 euros.

Tome 2 – 331 pages, 10 euros

Tome 3 – 367 pages, 10,80 euros

La Longue Marche. Lorsque l'on tape cette recherche sur Google on peut être surpris par les résultats. Les premiers articles qui vous apparaissent se réfèrent à un fait historique on se réfère au périple de plus d'un an, mené par l'Armée rouge chinoise et une partie de l'appareil du Parti communiste chinois pour échapper à l'Armée nationale révolutionnaire du Kuomintang de Tchang Kaï-chek durant la Guerre civile chinoise. Mais en vérité, il ne s'agit pas d'une fuite mais d'une quête.

Celle de Bernard Ollivier entreprise entre mai 1999 et juillet 2002, par étapes, sur la route de la Soie, depuis Istanbul en Turquie jusqu' à Xi'an en Chine. 12000 kilomètres à pied en solidaire récompensés du pris Joseph Kessel en 2001.

Je ne pouvais pas scinder ces trois livres. La chronique se devait globale. J'ai donc pris le temps de lire l'ensemble de l’œuvre pour l' écrire.

Résumé des livres:

A 61 ans, après une vie professionnelle bien remplie dans le monde du journalisme, brisé par le décès de son épouse et des enfants devenus indépendants qui mènent désormais leur propre destin, il sent « la rive de l'océan » se rapprocher. Mais il ne veut pas de cette vie de retraité classique « au coin du feu ». Lui, il a encore le goût pour les rencontres et il rêve « encore de steppes lointaines, de vents et de pluies » sur son visage, de brûler sa peau au soleil de différentes lattitudes, de lenteur et de silence.

Après le chemin de Saint Jacques de Compostelle, il choisit dès lors de mettre ses pieds dans ceux de Marco Polo et de suivre la fameuse route de la Soie. Il choisit dès lors de cheminer par étapes de trois à quatre mois annuellement pour couvrir les 12000 kilomètres qu'il s'est projeté entre Istanbul et la Chine.

Entre 1999 et 2002, chaque été, il va donc marcher plus de 2000 kilomètres reprenant sa marche là où il l'avait laissait l'année passée. Il parcourt successivement entre Istanbul et Téhéran, Téhéran et Sarmacande, Sarmacande et Turfan, et enfin entre Turfan et Xi'an.

Mais la marche sur une carte n'est pas la réalité et les péripéties ne vont pas manquer. Maladie, tracas administratifs, contrôles de police, rapines, arnaques....Elles seront toutefois compenser mille fois par la richesse des rencontres, la générosité des gens qu'il croise ainsi que par les merveilles de la Nature, de l'Art et de la Culture.

Ses impressions, son ressenti, il le note soigneusement dans des carnets chaque jour. Il y retranscrit ses joies, ses angoisses pour ne pas dire ses peurs : «Tous les matins, je me demande si je vais rencontrer un village sur ma route, pouvoir manger, dormir, trouver de l'eau. Et tomber sur des gens merveilleux ou des bandits.» Mais tout cela balayé par la plénitude que lui offre la marche, «cette sorte de jouissance qui survient vers sept heures du matin, une fois le soleil levé, lorsque chaque morceau du corps fabrique du bonheur. Il y a un moment où l'on se sent en l'air.»

Ce journal de voyage, il vous le raconte des ces trois volumes et vous traverserez avec lui la Turquie, l'Iran, le Turkménistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et la Chine.

Mon point de vue :

Le 24 juillet 2001, Jean Pierre Perrin écrivait dans un article de Libération que les description de l'Iran dans le second tome était « au ras du bitume ». Formule vexante selon moi. Les trois récits de Bernard Ollivier sont tout sauf « au ras du bitume ».

Ces livres sont un hymne, un encouragement pour sortir de nos fondrières dans lequel notre quotidien nous englue, l'espoir d'une autre vie après le boulot. Bernard Ollivier y expose longuement son sentiment notamment dans le tome 1, tout comme dans son ouvrage « la vie commence à 60 ans ».

J'ai dévoré les deux premiers tomes. Rien à critiquer. J'en ai pris plein les yeux au fil des lignes.Il s'y livre aussi entièrement et évoque même ses pensées les plus intimes, pour ne pas dire sexuelles. Car heureux celui qui a fait un beau voyage et heureux il l'est sans aucun doute. J' y ai découvert énormément de choses, tant géographique, qu' historique et littéraire. Et même si certaines données sont dues à des recherches postérieures au voyage, cet homme est un puits de science, un « érudit ». J'en suis ressorti avec des envies de lire, relire et chercher.

Mais, car il y a un mais, et c'est le tome 3. J'ai ressenti comme une sorte de lassitude dans l'esprit de l'auteur, comme le souhait qu'il fallait que cela se termine, tant le voyage que son écriture. J'ai le sentiment qu'il est allé au bout de son projet plus par sentiment de ne pas renoncer, que par envie. Et cela se ressent dans le livre car j'ai eu hâte de le finir, lassé par le récit. Ce tome 3 résume à lui seul deux années de voyage comme si les événements avaient manqué, comme si c'est deux années avaient été tellement plates qu'il n'y avait rien à dire. Ou bien, ce sont les régions traversées qui ne méritaient pas plus ?

Enfin, ne cherchez pas dans ces livres du Nicolas Bouvier et notamment ne tentez pas d'y relire « l'usage du Monde » même si leurs parcours sont proches, notamment entre Istanbul et Téhéran. La zone et les modes de vie ont beaucoup changé. Le combat du PKK et la révolution islamique en Iran sont passés par là.

Les régions traversées n'ont pas bonne presse ? Eteignez votre télévision, fermez vos journaux et ouvrez ces trois livres. Le tome 4 est sorti récemment. Il parle du bouclage de la boucle. Je ne l'ai pas encore lu mais cela ne devrait pas tarder.

L'auteur :

Bernard Ollivier est un journaliste et écrivain français né en 1938 dans la Manche, connu notamment pour ses récits de voyage, et fondateur d'une association de réinsertion des jeunes par la marche. Il tout d'abord mène une carrière de journaliste politique et économique. Après la retraite, inconsolable de la mort de sa femme, et ses enfants ayant quitté le nid, il décide de marcher jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle. A son retour, il est regonflé et entreprend deux projets qui ont germé au cours de ce périple. Il entreprend alors une longue marche de 12 000 kilomètres d'Istanbul à Xi'an sur la route de la soie et fonde l'association Seuil pour la réinsertion par la marche des jeunes en difficulté grâce aux revenus de ses publications. Comme écrivain, il publie les récits de ses voyages, mais aussi des nouvelles dont un recueil concernant les sans domicile fixe, ainsi que des romans policiers.

Bibliographie :( source Wikipédia)

Longue marche : à pied de la Méditerranée jusqu'en Chine par la route de la soie, Phébus, 3 volumes, tome I, Traverser l'Anatolie (2000) ; tome II, Vers Samarcande (2001) ; tome III, Le vent des steppes (2003)7. (Prix Joseph-Kessel 2001).

Nouvelles d’en bas, 2001, Fiction sur les SDF dans le métro4 ;

L’allumette et la bombe, 2007, essai sur les banlieues après les émeutes de 2005 et description des méthodes de son association ;

Carnets d’une longue marche, 2005, aquarelles de François Dermaut, et textes de Bernard Ollivier, sur la route de la soie ;

Aventures en Loire, Phébus, 2009, sur un voyage de 1 000 km à pied et en canoë en Loire6 ;

La vie commence à 60 ans, 2012 ;

Histoire de Rosa qui tint le monde dans sa main, 2013.

Sur le chemin des ducs : la Normandie à pied, de Rouen au Mont-Saint-Michel, 2013.

Marche et invente ta vie : adolescents en difficulté, ils se reconstruisent par une marche au long cours, Arthaud, 2015