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Dans le sillage des écrivains voyageurs

Dans le sillage des écrivains voyageurs

Depuis longtemps, la littérature apporte les plus belles pages de voyage. Elles nous font rêver et voyager par procuration. Les écrivains voyageurs sont devenus quelques uns des héros des temps modernes et leurs livres nos atlas.


«  Des monts célestes aux sables rouges  » de Ella Maillart

Publié par Axel Corso sur 16 Novembre 2017, 10:11am

Catégories : #ella maillart, #voyages en Asie

«  Des monts célestes aux sables rouges  » de Ella Maillart

«  l'aventure n'est pas ce qu'on imagine, un roman. Elle ne s'apprend pas dans un livre. L'aventure est toujours une chose vécue et pour la connaître il faut avant tout être à la hauteur pour la vivre, vivre et ne pas avoir peur. « 

Blaise Cendrars

Éditions Petite Biblio PAYOT Voyages - 1943

 

356 pages - 10,70 euros.

 

Je m'étais promis en ce début d'année 2017 de rendre un hommage plus soutenu aux femmes auteures de récits de voyage. Je me retourne et constate que j'ai été loin de tenir ce souhait. Je reprends donc la plume pour leur rendre hommage, et me ferai force d'accentuer ce vœu. D'ailleurs, voici à nouveau Ella Maillart.

 

J'avais parlé ici de la «  voie cruelle » donc l'action prenait place en 1939. Remontons le temps encore un peu pour nous transporter en 1932/1933 en Asie Centrale de nouveau. Voici donc « Des monts célestes aux sables rouges ». Ce voyage est plus personnel, lui tenant vraiment à cœur, et traduisant sa hargne de faire aboutir les choses.

 

Résumé du livre :

 

Elle Maillart avait pour but de découvrir la vie des nomades. Selon elle, eux seuls vivent avec leur bétail et leurs tentes de feutres comme «  ces coureurs d'immensité sur un sol âpre, sous un ciel implacable, qui furent vraiment la race de feu de l'ancien monde ». Pour elle, ce sont surtout des hommes libres, et tout au long de ce voyage, elle cherchera des hommes droits «  qu'un ciel clair suffit à rendre heureux ».

 

Mais elle se rend compte que partout ils perdent cette liberté sous le poids des Soviets dans le contexte politique de l'époque. Elle éprouve elle-même des difficultés à partir qu'elle doit frapper à de nombreuses portes et solliciter l'ensemble de ses connaissances moscovites. Mais son acharnement est récompensé et elle obtient les fameux sésames administratifs.

 

En juillet 1932 enfin , Ella Maillart entreprend un périple de six mois dans aux confins de l'Asie centrale, entre les Monts Célestes de Chine et les sables rouges d'Ouzbekistan, empruntant toutes les formes de transport.

 

 

Mon point de vue :

 

Ce livre est le reflet d'Ella Maillart elle-même, de sa personnalité. Les traits les plus représentatifs que sont l'indépendance, le goût du voyage et d'une vie simple.

 

Il se compose en deux parties très différentes selon moi.

 

Je qualifierai la première partie du livre de voyage, d'expédition à proprement parler. Partie de Moscou, elle se rend en train à Alma Ata en compagnie de quatre compagnons russes qu'elle a pratiquement « forcés » pour en être. Au terme d'un voyage épique, elle part à cheval explorer la région qui se trouve à la frontière de la Chine, au plus près des Tien Chan, les Monts Célestes.

Pour paraphraser Sylvain Tesson dans «  la chevauchée des steppes » : «  Ella Maillart goûta du cheval kirghize et s'élança, en selle dans une traversée de la Syrthe, sans rien connaître de l'équitation ». Et elle en bave. Elle dit elle-même page 168  : «  moi qui suis tourmentée par le besoin de me prouver à moi-même que je pourrais peut être marcher dans les traces de mes héros de l’Himalaya et du Pôle Nord, je tremble de peur à la moindre difficulté et me demande : Au nom du ciel, que suis-je venue faire faire dans cette galère ! » En d'autres termes, pour reprendre le titre de Bruce Chatwin : Qu'est ce que je fais là ? .

Elle souffre de petits bobos, «  des pensées ennuyeuses surgissent en fin de journée avec la fatigue » (page 120) mais les paysages et les rencontres sont là. Elle égraine des noms qui ont fait rêver des génération de voyageurs et d'explorateurs : Syr Daria, Ferghana, Tachkent, Tien Chan. Elle cite aussi René Grousset et Blaise Cendrars pour résumer son périple : «  l'aventure n'est pas ce qu'on imagine, un roman. Elle ne s'apprend pas dans un livre. L'aventure est toujours une chose vécue et pour la connaître il faut avant tout être à la hauteur pour la vivre, vivre et ne pas avoir peur. « 

 

La seconde partie du livre est plus un travail d’ethnographie et de journaliste au fil des ses passages par Tachkent, Sarmacande, Boukhara, Touktoul et Khiva.

Au cours de ses déambulations citadines, elle aborde la culture et l'histoire locale, l' architecture, l'Islam moins prégnante que de nos jours, la présence russe dans ce Turkestan où tout semble couler mais pas toujours appréciée. Certains nomades retournent vers leurs racines à cause des apports décevants du Communisme.

Elle aborde aussi les prémices d'un désastre écologique avec la culture omniprésente du Coton qui a remplacée les céréales et le riz en particulier. On connaît le résultat : l'assèchement de la Mer d'Aral.

 

Ce livre est d'une richesse importante tant géographique qu'historique surtout en cette période de la Révolution de 1917. Ella Maillart l'aborde sous l'angle de petites histoires avec les rencontres d’exilés politiques, des plans quinquennaux et des satrapes locaux.

 

Plus qu'un récit de voyage, une ouverture géopolitique de l'Asie Centrale en 1932/1933.

 

Citation :

 

« Quoique l'Issik-Koul ait une superficie vingt fois supérieure à celle du Lac Léman, aujourd'hui, au coucher du soleil, j'ai trouvé une analogie entre les extrémités occidentales de ces deux lacs. Les paysages aussi sont éclairés sous le même angle. Ribatchi, au bout du lac, à une quarantaine de kilomètres d'ici, serait une Genève innocente, à peine née ; le majestueux Tierskeï évoque la chaîne de Savoie qui délègue aussi près de l'eau, une grosse bosse au dos plat comme celle du Salève. Le Kounguei, sur les dernières pentes duquel nous sommes couchés, rappelle le Jura et sa ligne continue ; » (pages 61/62).

 

 

L'auteur :(souce wikipédia)

 

Ella Maillart (20 février 1903 à Genève - 27 mars 1997 à Chandolin, Suisse) est une voyageuse, écrivaine et photographe suisse.

 

Elle est la fille de Paul Maillart, un fourreur genevois libéral, et de Dagmar Klim, une danoise sportive. Sa famille s'installe au Creux de Genthod au bord du lac Léman en 1913. Attirée dès son jeune âge par le sport et le dépassement de soi-même, Ella Maillart y rencontre Hermine de Saussure (surnommée « Miette »), fille d'un officier de marine et arrière-arrière-petite-fille de Horace-Bénédict de Saussure, considéré comme le fondateur de l’alpinisme, avec qui elle pratique la voile et le ski. Elle fonde à 16 ans le premier club féminin de hockey sur terre en Suisse romande, le « Champel Hockey Club ». À 20 ans, elle fait avec Hermine la traversée de Cannes à la Corse et fait la connaissance d'Alain Gerbault qui est en train de préparer son Firecrest pour sa fameuse traversée en solitaire de l'océan Atlantique. Elle barre un monotype national pour la Suisse aux régates olympiques de 1924, seule femme et la plus jeune de la compétition. Elle participe en 1925 à une croisière en Méditerranée de Marseille à Athènes avec quatre autres jeunes filles dont Miette de Saussure et Marthe Oulié. Un concours de circonstances et le mariage de son amie Miette avec l'archéologue français Henri Seyrig (mariage dont sera issue la future actrice Delphine Seyrig) l'oblige à abandonner son rêve de vivre en mer. Membre de l'équipe suisse de ski, elle défend, de 1931 à 1934, les couleurs de la Suisse aux quatre premiers championnats du monde de ski alpin mais, attirée par le cinéma russe, elle part pour Moscou faire un reportage dont elle tire son premier livre : Parmi la jeunesse russe.

 

Après un premier séjour à Moscou et la traversée du Caucase en 1930, elle parcourt l'Asie centrale soviétique en 1932. En 1934, elle convainc le rédacteur en chef du Petit Parisien Élie-Joseph Bois de l'envoyer au Mandchoukuo, État créé par les Japonais en Chine en 1932. Le plus grand quotidien d'alors finance son expédition et lui fournit une carte de presse qui lui procure les facilités de passage. Elle y rencontre Peter Fleming, grand reporter pour The Times et agent du MI6 et se lance avec lui, en février 1935, dans un voyage de six mille kilomètres, de Pékin jusqu'à Srinagar, qui va durer sept mois et dont le récit sera retracé à la fois par Peter Fleming dans son livre Courrier de Tartarie et par Ella Maillart sous le titre Oasis interdites. En 1937, elle traverse l'Inde, l'Afghanistan, l'Iran et la Turquie pour faire des reportages, puis en 1939, elle part dans une Ford, de Genève à Kaboul, avec Annemarie Schwarzenbach (nommée Christina dans le récit qu'elle rédige du voyage sous le titre La Voie cruelle) qu'elle essaie de libérer de la drogue.

 

De 1940 à 1945, elle passe cinq ans dans le sud de l'Inde auprès des maîtres de sagesse Ramana Maharshi et Atmananda Krishna Menon.

 

De retour en Suisse, elle découvre grâce au peintre Edmond Bille le village de Chandolin, situé à 2 000 m d'altitude, qui deviendra une ancre dans sa vie nomade. Elle s'y fait construire un chalet et y habite en solitaire, de mai à octobre, depuis 1948. De 1956 à 1987, Ella devient guide culturel et fait découvrir plusieurs pays d'Asie à de petits groupes de voyageurs.

 

Dans un article intitulé Pourquoi voyager, Ella fait siennes ces paroles du maître chinois Chuang Tzou : « Si nous abordons les choses par leurs différences, même le foie et la rate sont aussi éloignés que les villes de Ch'u et Yueh. Si nous les abordons par leurs ressemblances le monde est un. »

 

Ella fait du vélo et du ski jusqu'à l'âge de 80 ans.

 

Les manuscrits et documents d'Ella Maillart sont conservés à la Bibliothèque de Genève, son œuvre photographique au Musée de l'Élysée à Lausanne et ses films à la Cinémathèque suisse de Lausanne. La petite commune valaisanne de Chandolin dans le Val d'Anniviers (en Suisse) a rendu hommage à Ella Maillart en collaboration avec ses amis en organisant dans le village une exposition permanente qui retrace sa vie et permet de découvrir, à travers des photographies et de nombreux objets de voyage, le témoignage de cette existence si bien remplie.

 

 

Bibliographie :( source Wikipédia)

 

 

  • Parmi la jeunesse russe - De Moscou au Caucase - 1932

  • Des Monts célestes aux sables rouges - 1934 (raconte son voyage en Asie centrale soviétique)

  • Oasis interdites - De Pékin au Cachemire - 1937 (le récit de son périple avec Peter Fleming)

  • La Vagabonde des mers - 1942 (au sujet de ses années de voile)

  • La Voie cruelle - 1947 (son voyage de Genève à Kaboul avec Annemarie Schwarzenbach)

  • Ti-puss ou l'Inde avec ma chatte - 1951 (le récit de ses cinq ans en Inde)

  • Croisières et caravanes - 1951 (autobiographie)

  • The Land of the Sherpas - 1955 (photographies et textes relatifs à son premier séjour au Népal)

  • La Vie immédiate - 1991 (photographies prises et réunies par Ella Maillart, accompagnées des textes de son ami Nicolas Bouvier)

  • Ella Maillart au Népal - 1999 (photographies et textes d'Ella Maillart, réunis et présentés par Daniel Girardin)

  • Cette réalité que j'ai pourchassée - 2003 (recueil de lettres adressées par Ella Maillart à ses parents)

  • Ella Maillart sur les routes de l'Orient - 2003 (photographies prises par Ella Maillart, réunies et présentées par Daniel Girardin)

  • Chandolin d'Anniviers - 2007 (textes et photographies d'Ella Maillart)

  • Envoyée spéciale en Mandchourie - 2009 (recueil de reportages réalisés en 1934)

Références :

 

http://www.ellamaillart.ch/bio_fr.php

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C
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